mercredi 1 octobre 2014

Vik Muniz... l'illusionniste !

"J’ai passé toute mon adolescence au Brésil pendant la dictature militaire, et, là-bas, à cette période, nous n’avions bien sûr presque pas de livres. Je me souviens d’être allé à la bibliothèque publique où il y avait de très vieux livres dont les couleurs étaient passées. À l’école, je me souviens par contre d’avoir vu de très beaux ouvrages qui venaient des Etats-Unis ou d’Europe. La première fois que j’ai vu un gros livre sur l’Impressionnisme, ce qui m’a frappé d’abord, c’est Monet et Cézanne…[…]
Je n’étais pas très à l’aise avec la couleur. J’ai toujours été un dessinateur, pas un peintre. Parce que dessiner avec une couleur, ça va. Deux couleurs c’est déjà un problème. Trois couleurs, on a au mieux un Mondrian… au pire une catastrophe. Et quatre, cinq, six, là ; il faut être né 
avec une certaine aptitude visuelle, intellectuelle aussi. Par exemple, quand je regarde Raphaël, L’Ecole d’Athènes, au Vatican, j’ai presque mal à la tête. Comment a-t-il fait ça? […]"
Vik Muniz, entretien avec Eric Mézil pour le catalogue de l’exposition Il faut rendre à Cézanne, Aix-en-Provence, Avignon, 2006-2007.
"Vik MUNIZ est un manipulateur d'image. Dans sa série Pictures of Magazine 2, il recompose des tableaux célèbres à l'identique à partir de morceaux de papiers déchirés. L'étape ultime consistant à mémoriser ce travail via la photographie.

L'étonnement est la première impression suscitée par la vision de ces grandes photographies qui, lorsqu'on les parcourt à une certaine distance, nous donnent à voir des peintures célèbres, de Manet, Van Gogh, Cézanne, Mary Cassatt ou Le Caravage.


Ce sont des reproductions mais d'un genre un peu particulier puisque Vik MUNIZ les a fabriquées à l'aide de papiers découpés provenant de journaux, de publicités, de bandes dessinées ou de livres. En se rapprochant de l'œuvre, on peut alors distinguer clairement ici une voiture, un visage, une fleur, des lettres ou même des mots. Ce morcellement et ces images dans l'Image déclenchent une mise en abîme de la perception visuelle, soulignant le caractère illusoire de toute représentation qui repose sur l'agencement de formes et de valeurs colorées, mais aussi sur la mémoire de notre culture visuelle.

Passé maître dans cet exercice de reproduction des icônes de l'histoire de l'art ou des photographies de reportage de presse, l'artiste illusionniste utilise les matériaux les plus divers pour reproduire formes et couleurs du motif. Depuis plus de vingt ans, il travaille ainsi par séries autour d'un médium particulier comme la terre, le sucre, la confiture, le ketchup, le fil de fer, la corde, le chocolat, les pièces de puzzle, la poussière ou même les excréments.
C'est ainsi qu'avec humour, il simule et crée une illusion qui trouble notre perception et nous fait croire à une chose qui n'est pas seulement ce qu'elle semble être mais aussi autre chose. [...]


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Mais il subsiste une frustration : Vik MUNIZ met au centre de l'œuvre le matériau constitutif de l'image et pourtant, la matière est absente, mise à distance par la prise de vue. Et ce d'autant plus que ces grandes photographies au tirage parfait sont elles-mêmes encadrées et mises sous verre. 

S'il se fait sculpteur d'images à partir de matières premières insolites, leur capture photographique ne donne à voir qu'une reproduction de l'aboutissement de ce processus. Même si l'on sait que la plupart de ces matériaux ne peuvent se conserver, on se prend à regretter d'être ainsi totalement coupés de cet acte de transformation et de sa matérialité, car là réside une grande part de la jubilation et l'intérêt de son art."




"Dans tous les traités de peinture, de Vasari, de Léonard de Vinci, le peintre se plaint toujours de la couleur. La couleur est toujours différente de ce qu’elle va être. Avec la photographie, je peux faire des images avec des pigments purs et les photographier, sans le médium."                  Vik Muniz.

Découvrez-le davantage sur son site officiel : http://vikmuniz.net/
Sources